La famille Miura élève sur les terres de Zahariche, à Lora del Rio, province de Séville, ses mythiques incomparables et légendaires taureaux braves depuis bientôt plus d'un siècle et demi. |
Issu d'une famille originaire de
Fuentarabia, au Pays Basque, Juan Miura Rodriguez, arrière
grand-père du regretté don Eduardo Miura, s'installe
chapelier à Séville où de sa boutique calle Sierpes il
deviens en 1832 fournisseur de la cour et de la famille
royale. Son fils Antonio, ayant des ambitions plus rurales, devient avec l'aval paternel, ganadero de bétail de boucherie avec un troupeau acheté à Antonio Carriga dont il ne conservera que le fer, un A et un C mêlés et qui est le fer actuel. |
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En 1842 Antonio, changeant d'optique, achète un troupeau
de deux cent vingt vaches braves d'origine Gallardo à Antonio Gil Herrera.
La présentation de cet élevage se fera à
Séville le 15 août 1846 et à Madrid le 30 Avril 1849.
Cette même année, le 26 juillet, la vacada sera
augmentée de deux cents vaches et de cent
soixante huit becerros ou becerras, les sources divergent,
d'origine Cabrera, acquise au señor José Luis Alvareda.
Le troupeau sera complété l'année
suivante, puis en 1852 de vaches de doña Jerónima Núñez del
Prado, de même
origine.
C'est de cette époque que subsiste
l'habitude de marquer différemment les animaux issus de ce sang.
Le fer sera sur la cuisse pour la
descendance Cabrera, plus haut sur le flanc pour ceux de lignée
Gallardo.
Les étalons provenant de la vacada d'Alvareda seront en 1854 éliminés et remplacés par deux reproducteurs origine Vistahermosa, acquis à don José Arias de Saavedra.
En 1860 don Juan décède et l'élevage est annoncé au nom de sa veuve,doña Josefa Fernández, puis par héritage, l'année suivante, au nom d'Antonio Miura Fernández.
Le torero "Lagartijo"
offre à Antonio, en 1879, un taureau de race navarraise,
Murciélargo, de la ganadería
de Joaquín del Val, qu'il a gracié le 5 octobre dans les arènes de Córdoba.
Les produits de ces montes sont, de toute évidence, à l'origine des robes coloradas
de l'élevage.
A cette époque le Duc de Veragua, grand ami de la famille Miura, aurait prêté
à Antonio lors d'échange d'animaux un reproducteur castaño ojinegro
de sa ganadería vasqueña.
A la mort d'Antonio, le 31 mars 1893, son
frère, don Eduardo, premier du nom, reprend le flambeau et développe
peut être un peu trop inconsidérément l'élevage.
Ses fils Antonio et José Miura Hontoria s'annonceront,
après son décès en 1917 comme les "Hijos de Don Eduardo
Miura" et non pas en leurs noms propres. Les frères Miura s'emploieront
à sélectionner de manière drastique le troupeau hérité.
Dans les années 1920 des vaches et un reproducteur, Banderillo, offert par le Conde de la Corte, sont introduits dans l'élevage. Les produits en auraient été rapidement éliminés, ou le sang complètement absorbé, selon certains auteurs et selon d'autres ce croisement a donné plus de bravoure et a servi à "moderniser" le troupeau.
En 1940 Don Antonio et Don
José légueront la ganadería à leur fils et neveu Eduardo
Miura Fernández.
C'est à cette époque là que celui-ci de part son mariage installera l'élevage
sur la finca mythique de Zahariche, la propriété familiale étant depuis la fondation
installée au Cortijo el Cuarto.
Zahariche avait appartenu au fameux ganadero et banquier de
Bilbao Félix Urcola qui dans les années 20 y faisait paître
son troupeau.
Depuis le décès de celui-ci en 1996 cette célèbre ganadería est entre les mains de ses fils Eduardo III et Antonio Miura Martínez..
La ganadería de Miura regroupe en tout environ huit cent têtes de bétail dont deux cents mères et une dizaine d'étalons. Elle ne produit pas plus de huit à neuf corridas par an.
Actuellement toute les bêtes paissent sur les cinq cents hectares de Zahariche.
La ganadería de Miura est, fait inédit, un croisement de toutes les grandes races de taureaux de lidia, chacun apportant ses propres caractéristiques.
Les produits de cet élevage
sont typiques de morphologie, aucun autre taureau ne ressemble à
un Miura et un Miura ne ressemble et ne doit ressembler à aucun
autre.
Ces très caractéristiques cornus hauts sur pattes, zancudos,
paraissent ne pas faire leur poids, souvent fort élevé, n'ont
pas de ventre, agalgueñados, à l'allure de lévrier,
peu de morillo et de fanon, des cornes grosses à la base, corniavacados
et un cou long et agile ce qui les rends dangereux au cheval.
Ils ont également une certaine propension à développer du sentido
face à des adversaires peu expérimentés.
De nombreuses légendes circulent à propos
de ces taureaux comme la présence d'une quatorzième côte, ce qui expliquerait
leur grande longueur.. ou le fait de leur donner de la nourriture en hauteur
afin d'allonger leurs cous !
A vous de juger.
Les taureaux de Miura ont à leur actif un redoutable palmarès
"El Cano" encorné en 1852 .
José Dámaso Rodríguez "Pepete" le grand oncle du célèbre "Manolete"
fut tué le 20 avril 1862 par Jocinero
à Madrid après avoir pris dix huit piques. Ce berrendo en
negro, capirote et botinero d'Antonio
Miura blessa en outre le banderillero
Juan Yust et donna une voltereta à Cayetano Sanz qui était
chargé de le tuer.
Le banderillero Mario Canet Lozano "Llusío"
perdit la vie le 23 mai 1875, encorné
au cou par Chocero, taureau castaño
ojo de perdiz et meleno
lors de la corrida de la bienfaisance
à Madrid, plaza de la carretera de Aragon. Ce taureau était dévolu
au toréro Cara Hancha qui pris l'alternative ce jour là.
"El Espartero" Manuel Garcia, le 27 mai 1894, blessé lors de la suerte suprême
par Perdigon, colorado, liston et ojo de perdiz, il
retomba sur la nuque. Le torero reprenant ses trastos fut de nouveau
pris et encorné au bas ventre, ce qui entraîna sa mort à l'infirmerie,
peu de temps après. "El Espartero" fit son dernier
paseillo en compagnie de "Zocato"alias Carlos Borego, et
non pas Vincent Bourg, et d'Antonio Fuentes
Un autre banderillero Manuel Sánchez Criado le 15 août 1894 trouva la mort à Séville face à Beata
qui n'était pas un taureau mais une vache.
Domingo del Campo y Alvarez " Dominguín"
tué par Désertor,
negro meano, au sortir de la pique, le 7 octobre
1900 à Barcelone.
Les novilleros Faustino Posadas
par Agujero, berrendo en negro, le
18 août 1907 à Sanlucar de Barrameda et Pedro Carreño le 21 mai 1930 à Ecija.
Le hiératique "Manolete" en 1947, à Linares, dont la mort affecta profondément
don Eduardo, et où Islero, negro entrepeledo
et bragado, marqué du numéro 21, passa à la postérité
en une seule course.
Pañolero, blesse très grièvement
Christian Montcouquiol, "Nimeño II", le 10 septembre 1989 dans les arènes d'Arles.
Celui-ci se donnera la mort le 25 novembre 1991.
Lire la page anecdotes et tragédies
"El Espartero"
mortellement blessé par le taureau Perdigon à Madrid 1884. |
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Il est à remarquer que si ces taureaux ont une si terrible réputation, on parle de la légende noire de Miura, plus de douze mille animaux furent lidiés depuis les origines et que s'ils ont infligés tant de cornadas, ils ont également permis la gloire de nombreux toreros osant les affronter dans des miuradas. Certains ont même bâtis leur carrière principalement sur cette ganadería, Francisco Ruiz Miguel, par exemple.
Certains toréros et non des moindres n'ont
quand à eux jamais affrontés ces taureaux mythiques, le grand
Curro Romero et Manuel Benitez "El Cordobés"
sont de ceux là.
.
Cet élevage est également remarquable
car il possède une plazita carrée, la seule certainement
d' Espagne, dont le sol présente également une certaine déclivité.
Elle fut construite sur les plans d'un de nos compatriote, étudiant
en architecture.
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Sur un des
azulejo qui la décore sont représentés |
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Une autre particularité de l'élevage
Miura est de posséder deux devises: Une de couleur verte et rouge pour la province. Une verte et noire pour les courses données à Madrid. Cette caractéristique ne se retrouve que chez José Escobar. Vert, noir et or en provinces, bleue ciel, rose et caña (jaune- beige) à Madrid. Señal: Hendida et muesca à gauche, despuntada con golpe à l'oreille droite. |
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